dimanche 29 mai 2011

SI ON NE FAIT PAS PARTIE DE LA SOLUTION, ON FAIT PARTIE DU PROBLÈME

(Lettre ouverte envoyée à La Presse et au Devoir le 19/5/2011 et qui n'a pas été publiée, évidemment)

Comme d'habitude, je ne suis pas impressionnée par la conférence de presse de M. Desjardins du comité exécutif de la Ville de Montréal sur la création d'une fourrière municipale comme solution de rechange aux fourrières privées mais je dois avouer que je suis passée à l'étape suivante: je suis en état de panique.

Ce qui est proposé là est une machine monstre qui, non seulement ne réglera pas le problème, mais va l'amplifier.

Ce n'est pas en mettant un rang de bureaucrates de plus qu'on va régler la détresse des animaux de compagnie, on a vu ce qui arrive avec le projet Bixi, c'est devenu un party de $$$

La réglementation

ON N'ÉDUQUE PAS AVEC DE LA RÉGLEMENTATION

L'idée de mettre plus de réglementation n'aidera pas en rien le scandale des fourrières privées ni l'éducation citoyenne. On a déjà tout plein de règlements dans les arrondissements qui donnent lieu à de l'interprétation, du harcèlement, des saisies et destructions d'animaux de compagnie en pleine santé. En bout de ligne, c'est toujours l'animal qui paie et souvent de sa vie pour des erreurs de jugement d'inspecteurs mal intentionnés.

On ne peut pas demander à un propriétaire de faire stériliser son animal sans lui offrir un service de stérilisation à prix modiques, CE QUI N'EXISTE PAS AU QUÉBEC.

Comme on ne peut pas demander aux propriétaires par règlement de ne pas abandonner leur animal dans les rues de Montréal quand ils n'ont qu'à traverser à Laval et l'abandonner l'autre bord du pont.

L'escouade canine de Montréal met déjà beaucoup d'énergies à faire le travail pour lequel le Berger Blanc est payé et à harceler les secouristes; au point que l'une d'elles a dû poursuivre la Ville et les inspecteurs pour faire cesser le harcèlement.

On va quand même pas augmenter ce délire d'un cran sous prétexte que la Ville s'est fait prendre à ne pas vérifier ce que son fournisseur de services faisait des animaux.

Tout d'abord, il n'y a AUCUNE statistique valable et réaliste sur la quantité d'abandons dans la région métropolitaine. Point.

Ce qu'on a lu dans les journaux, ce sont des chiffres établis au pifomètre par tous et chacun et il faut s'attendre à de méchantes surprises lorsque les compagnies privées et les organismes tiendront des registres réels et fiables.

C'est comme quand Barnotti avait sorti la statistique qu'il y avait 500000 morsures de chiens par année au Québec. Personne n'a pu démontrer d'où venait cette statistique mais les médias l'ont répétée pendant des mois. On est en train de faire la même chose aujourd'hui avec les euthanasies et les abandons.

Jamais on n'a tenu compte des sauvetages des secouristes (rescues) parce qu'elles ne font pas partie de la culture de la protection des animaux au Québec; elles travaillent sur le terrain, elles!

Comme on ne sait pas combien de propriétaires responsables ont fait endormir leur chien chez le vétérinaire.

Il va être difficile de faire une proposition de fourrière éthique aux arrondissements en n'ayant rien d'autre pour se baser que le contrat précédent avec la compagnie privée; lequel contrat était d'ailleurs aussi augmenté régulièrement au pifomètre.

Les vétérinaires

Les abandons d'animaux de compagnie ont commencé, et j'en témoigne parce que je l'avais dénoncé à l'époque, avec l'arrivée de la TPS/TVQ sur la nourriture pour animaux et les soins vétérinaires. Les prix ont grimpé d'un coup de 15% et ça a fait mal. L'animal en a payé et en paie encore le prix.

Aussi, on abandonne un animal malade en fourrière privée parce que l'euthanasie chez un vétérinaire et hors proportion avec le coût de la procédure. Le médicament pour endormir un animal n'est pas si dispendieux que ça alors on joue avec les sentiments du propriétaire pour gonfler la facture. Pour un propriétaire responsable, même si on sait ce qui se passe en fourrière privée, les $$$ doivent passer pour la nourriture des enfants avant les soins pour le chat. Ce n'est pas normal mais c'est surtout inacceptable car l'animal fait aussi partie de la famille.

Si l'on accepte ce fait que l'animal fait partie de la famille, on devrait pouvoir lui offrir les soins dont il a besoin et le moment venu, l'aider à traverser le pont des arcs-en-ciel.

Comme dans toutes les professions certains vétérinaires sont incompétents, ce qui accentue le malaise et le manque de confiance envers tous les vétérinaires. L'insistance de certains, par exemple, à vouloir vacciner un animal malade, vaccin qui le fera mourir plus rapidement, est une faute courante chez les jeunes vétérinaires. Les vaccins sont chers, se donnent facilement et sont souvent inutiles. Donc le profit passe avant le bien-être de l'animal et le client est mal placé pour regimber car il doit s'en remettre au professionnel.

Pendant que quelques unes se dévouent pour offrir des stérilisations à prix modiques, d'autres exagèrent sur le coût d'une visite qu'ils multiplient pour mieux charger. Résultat: il n'y a plus de visite au vétérinaire en bas de $200. C'est inacceptable autant pour l'animal que pour l'humain. Les secouristes accumulent des comptes vétérinaires dans les milliers de dollars et y engouffrent toutes leurs économies.

Nous savons toutes que notre problème aux abandons et euthanasies doit passer par la stérilisation massive mais à prix modiques. Malheureusement, l'Ordre des Vets ne l'a pas compris et ne voit que le côté $$$ pour ses membres. Pourquoi certaines secouristes doivent-elles se rendre au Vermont pour avoir des prix abordables quand on a plein de cliniques bien équipées de ce côté-ci de la frontière.

L'Ordre des vétérinaires qui a refusé de prendre nos plaintes contre ses membres qui vendent des médicaments "cash" aux usines à chiots et aux fourrières sans voir les animaux, met de la pression sur certaines cliniques pour qu'elles augmentent leurs prix. Ce n'est plus de la saine concurrence mais de la collusion.

La fourrière municipale

Née de la nécessité de régler une nuisance créée par l'errance des chiens, la fourrière municipale s'est incrustée et les propriétaires de ces compagnies privées y ont vu des profits faciles et peu de surveillance. Une fois la porte ouverte, les abus sont devenus flagrants, ont été dénoncés mais les élus et les bureaucrates ont fermé les yeux et les oreilles car pour eux, l'animal n'est pas important. "Ce n'est qu'un chat". Mais le chat, il souffre, il a des sentiments et les secouristes ne pouvaient l'ignorer.

Pour accéder à des animaux gratuits qu'ils revendent dans les usines à chiots, les labos et les cours à "scrap", les propriétaires de fourrières ont créé un système où l'animal disparait "ni vu, ni connu" et son propriétaire ne peut plus remettre la main dessus. Même la micropuce n'est pas efficace car les scanners ne sont pas utilisés sur les animaux retrouvés.

Et le système de soumissions actuel les paie en plus. Ils sont morts de rire de nous voir nous énerver sur le reportage qui a divulgué leur petit secret. Pierre Couture disait à qui voulait l'entendre qu'il n'avait pas de chambre à gaz au Berger Blanc. Mais il avait pire.

Et Anima-Québec protège les autres qui ont et utilisent des chambres à gaz en mauvais état avec des résultats cruels. Dénoncées plusieurs fois, les élus comme le maire de St-Lin continuent de leur accorder des contrats avec carte blanche.

Comme d'habitude, Diane pose la question juste:

Est-ce que les citoyens ne pourraient pas aller jusqu'à poursuivre les responsables qui ont contracté avec le Berger Blanc et qui n'ont, de toute évidence, jamais fait les vérifications et les suivis nécessaires auprès de cette compagnie privée ?

Je ne comprends pas qu'on puisse obliger les citoyens de payer une licence pour chiens alors que ce bandit a agi de façon illégale et qu'il ne paiera même pas d'amende ou quoi que ce soit suite à ses agissements. Mais il peut se permettre d'envoyer des mises en demeures aux activistes et d'émettre des amendes aux citoyens s'il y a plainte, par exemple, d'un chien qui jappe trop, etc.

Tout ça ne fait aucun sens.

C'est le visage arriéré du Québec.